COVID-19 : les facteurs favorisant un retour au travail sécuritaire dans les immeubles
May 14, 2020
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La nécessité de rendre les espaces de travail sécuritaires est une préoccupation importante pour les employeurs et les employés, ainsi que pour les propriétaires et les gestionnaires immobiliers. Les organisations subissent la pression de leurs employés et de leurs locataires, qui sont nombreux à vouloir connaître les mesures prises pour assurer leur sécurité lors du retour au travail. En outre, elles sont probablement tenues de répondre à des exigences législatives concernant la sécurité au travail, de faire preuve de diligence raisonnable pour se protéger contre toute responsabilité et de rapporter les mesures prises pour gérer les risques potentiels.

Les entreprises veulent naturellement faire ce qui s’impose pour leurs employés, mais savent-elles en quoi cela consiste?

Pour commencer, les discussions concernant la réouverture des lieux de travail après la COVID-19 négligent un aspect important : les risques liés à la réoccupation des immeubles. Il faut les considérer comme faisant partie de la santé générale d’un bâtiment et comprendre leur corrélation avec le bien-être des employés, notamment la propagation des maladies.

Si certains lieux de travail, jugés essentiels, n’ont jamais été fermés pendant la pandémie de COVID-19, d’autres ont continué à fonctionner avec un personnel réduit. Une grande proportion des lieux de travail sont toutefois restés inoccupés et inactifs pendant des semaines. Il convient donc de bien comprendre les risques potentiels qui ont pu être introduits et de les gérer avant la réoccupation des immeubles.

Comprendre les risques de votre immeuble

La première étape consiste à comprendre les risques auxquels votre immeuble est confronté. Par exemple, vérifiez si certains services peuvent amener des personnes vulnérables à entrer dans l’immeuble, comme des installations médicales, y compris les cabinets de médecins. Les immeubles situés dans des climats chauds et humides présentent un risque plus élevé d’accumulation de moisissures dans les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation (CVC) et d’un surplus d’agents pathogènes dans l’eau.

Les recherches actuelles ont donné des résultats mitigés relativement au potentiel de transmission de la COVID-19 par les systèmes CVC. Nous savons toutefois que les systèmes de ventilation ont déjà joué un rôle dans la transmission des virus par le passé. C’est pourquoi il est recommandé de prendre des mesures proactives liées au fonctionnement des systèmes CVC dans les immeubles. Pensez notamment à réduire la recirculation de l’air, à accroître l’efficacité de filtration et à faire fonctionner les systèmes pendant de plus longues périodes.

Dans le cas d’un immeuble qui a été fermé pendant plusieurs semaines, il est plutôt question de déshumidifier l’air, en particulier dans les climats chauds et humides, pour éviter les problèmes de condensation et de moisissure. Il en va de même pour l’approvisionnement en eau : l’eau qui est restée stagnante dans les canalisations et les réservoirs pendant plusieurs semaines peut fournir un milieu propice à la prolifération des agents pathogènes d’origine hydrique comme la légionelle et, dans certains cas, à l’accumulation de plomb dans l’eau. À l’heure actuelle, la gestion de la COVID-19 retient toute l’attention, mais il sera peut-être nécessaire de s’attaquer à ces autres risques pour la santé à un moment ultérieur.

Le respect des normes et des pratiques exemplaires des agences de la santé du gouvernement, ainsi que des institutions professionnelles telles que l’American Industrial Hygiene Association (AIHA) et l’American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers (ASHRAE), vous permettra de mieux gérer les questions de responsabilité et de rassurer les intervenants.

Faire preuve de diligence raisonnable

Pour évaluer les risques, il faut connaître les travaux d’entretien qui ont été faits dans l’immeuble pendant l’interruption. Le personnel d’entretien a peut-être travaillé avec diligence pour nettoyer et désinfecter les surfaces fréquemment touchées, entretenir le système CVC, changer les filtres au besoin, s’assurer que les drains ne se sont pas asséchés et vidanger les conduites d’eau. Dans un tel cas, l’immeuble est presque prêt à rouvrir.

Il est néanmoins important de documenter les travaux réalisés pendant la période d’arrêt. Examinez attentivement les registres d’entretien, reportez-vous aux rapports d’inspection et entretenez-vous avec le personnel d’entretien de l’immeuble. Vous ferez ainsi preuve de diligence raisonnable et saurez répondre aux préoccupations éventuelles des employés.

Vous pourriez également tirer profit de l’expertise d’un bureau de spécialistes indépendant, en collaboration avec l’équipe d’entretien de l’immeuble, en ce qui concerne la préparation des immeubles pour le retour des employés. Faire appel à une équipe de professionnels indépendants peut aider à rassurer les intervenants, y compris les employés, que vous prenez la question au sérieux.

Comme la recherche sur la COVID-19 évolue rapidement, et que de nouveaux renseignements sur la propagation de la maladie arrivent presque tous les jours, vous ne pourrez pas faire face à toutes les éventualités. Cela dit, il est possible de faire preuve de diligence raisonnable en documentant les mesures prises pour gérer les risques conformément aux pratiques exemplaires actuelles et en restant informé des dernières évolutions sur le sujet.

Préparer l’immeuble et vos employés

Le plan de travail pour la réoccupation comporte deux phases, l’une pour les travaux effectués avant la réoccupation et l’autre pour les nouvelles procédures qui devront être respectées après l’ouverture.

D’après notre expérience en matière de réoccupation, les systèmes CVC et de gestion des eaux existants sont pleinement en mesure de répondre aux besoins d’un espace de travail sûr, en particulier s’ils ont été exploités conformément aux pratiques exemplaires actuelles. Parfois, les circonstances inhabituelles font en sorte qu’il faut accroître la capacité et l’efficacité des systèmes mécaniques. Une telle situation peut augmenter les coûts d’exploitation, bien que cela soit habituellement tout à fait gérable et constitue un investissement solide pour l’organisation.

La phase de réoccupation devrait également prévoir un effort important de communication avec les employés et d’autres intervenants, comme les représentants syndicaux, au sujet des mesures prises pour protéger les personnes qui fréquentent l’immeuble. Pensez notamment à envoyer des rapports sur les travaux réalisés pendant la période d’occupation réduite, les résultats des vérifications, les secteurs où les efforts devaient se poursuivre et les mesures qui ont été prises, ainsi que toutes les précautions supplémentaires mises en place, comme l’augmentation de la fréquence du nettoyage, de la désinfection et de la filtration.

Démontrer le degré de préparation

Les communications doivent décrire les nouveaux protocoles de nettoyage et les autres procédures que l’entreprise prévoit suivre, y compris la distanciation physique, la limitation du nombre de personnes dans une pièce ou dans un ascenseur, et la fermeture des espaces communs comme les aires de restauration, les salons d’employés et les salles à manger.

Il est nécessaire de faire preuve de transparence en fournissant tous les détails de la situation, ainsi que des résumés pour ceux qui préféreraient ne connaître que les faits saillants. Les entreprises peuvent tirer parti d’une entreprise tierce spécialisée dans les sciences du bâtiment, en mettant à disposition des rapports et des résumés sur les travaux effectués par le personnel opérationnel du bâtiment pour préparer l’immeuble à sa réoccupation.

Il convient de favoriser une communication réciproque en garantissant aux employés leur anonymat s’ils soulèvent des préoccupations au sujet de la sécurité au travail. Les employés – et leur famille – veulent savoir que les chefs d’entreprise comprennent les risques potentiels, ont pris les précautions adéquates avant la réoccupation et ont mis en place des procédures qui permettront d’assurer leur sécurité et leur bien-être en milieu de travail.


Andreas Wagner Member Name

Responsable et associé principal des pratiques de santé et de sécurité en matière d’environnement


Dave Ayriss Member Name

Associé et hygiéniste du travail sénior


Jason McGonigle Member Name

Responsable sénior et associé principal de santé et de sécurité en matière d’environnement



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À PROPOS DES AUTEURS

Andreas Wagner est responsable et associé principal de pratique pour les services d’hygiène industrielle chez Golder Associés. Andreas est responsable de la supervision des services de santé, de sécurité et d’hygiène industrielle au travail et du soutien des ressources existantes de Golder dans ces domaines et dans les domaines connexes partout aux États-Unis, en Amérique du Nord et dans le monde. Il compte plus de 30 ans d’expérience dans le domaine du conseil, notamment en tant que témoin expert, en matière de contrôle et de réduction des matières dangereuses, d’évaluation et d’assainissement microbiens, d’évaluation des risques de légionellose et de contrôle des infections, d’évaluation de la qualité de l’air intérieur et des odeurs, d’études sur l’intrusion de la vapeur, d’évaluation et de vérification des risques liés à la gestion et à la conformité en matière d’hygiène du travail, et de formation.

Dave Ayriss est associé chez Golder Associés. Fort de plus de vingt-deux ans d’expérience dans les domaines de la santé, de l’hygiène et de la sécurité au travail, il est hygiéniste du travail agréé et professionnel canadien en sécurité agréé. Dave possède un baccalauréat en sciences biologiques de l’Université de l’Alberta. Il a dispensé des conseils à divers clients dans les secteurs du pétrole et du gaz, de la construction, des chemins de fer, de l’éducation et de la fabrication partout au Canada. Les domaines d’expertise de Dave englobent l’évaluation des dangers chimiques, physiques et biologiques en milieu de travail, l’évaluation de l’exposition aux fumées de soudage, la qualité de l’air à l’intérieur, l’intrusion des vapeurs émanant des sols, le bruit, l’éclairage, l’étude de ventilation ainsi que la conception et la gestion de projets de réhabilitation des sites contaminés par l’amiante, les moisissures, le mercure et le plomb.

Jason McGonigle, est responsable et associé principal de santé et de sécurité en matière d’environnement. Titulaire d’un baccalauréat en technologie ainsi que des certifications PSAC et CHSC, il compte plus de 20 ans d’expérience en environnement, santé et sécurité, en formation et en consultation. Jason s’occupe principalement de la gestion et de la direction des activités liées à la santé et à la sécurité, aux matières dangereuses et à l’hygiène du travail pour divers clients de Golder. Jason possède un large éventail de compétences techniques couramment mises à profit pour diriger et encadrer des consultants professionnels en SSE qui se spécialisent dans des projets complexes et sophistiqués de SSE, d’hygiène du travail et de matières dangereuses pour divers clients des secteurs de l’énergie, de l’immobilier, de la santé, des municipalités et de la fabrication. Son expérience professionnelle porte notamment sur le suivi de la santé et de la sécurité sur les chantiers de construction, les études sur les matières dangereuses et les substances désignées, les projets de mise hors service, la conception et la gestion de projets de désamiantage, l’identification et le contrôle des microbes, les questions relatives aux contaminants atmosphériques, l’élaboration et la mise en œuvre des spécifications relatives aux matières dangereuses, les études sur la qualité de l’air à l’intérieur, la santé et sécurité, la surveillance des contaminants environnementaux, l’élaboration de politiques en matière d’environnement et de matières dangereuses et la formation sur le lieu de travail. Tout au long de sa carrière de consultant professionnel, il a conçu et mis en œuvre une série de programmes de formation sur l’environnement, la santé et la sécurité destinés à divers clients locaux, régionaux et nationaux. Chaque programme a été conçu, en collaboration avec le client, pour répondre aux objectifs et aux attentes en matière d’apprentissage.