Que faut-il faire pour fermer une centrale au charbon?

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Daniel Dohle Member Name

Ingénieur principal

Toute centrale électrique a une date d’expiration, c’est-à-dire un moment où son exploitation n’est plus rentable ni sûre. Le déclassement des centrales au charbon est une chose que l’Australie a peu expérimentée jusqu’à maintenant. Au cours des prochaines décennies, une grande proportion du parc de centrales thermiques du pays va approcher de la fin de vie utile, et bon nombre de centrales devraient être mises hors service. L’essor rapide d’énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire, conjointement avec les possibilités d’accumulation de l’électricité offertes par les batteries à grande échelle et le stockage d’énergie hydroélectrique par pompage, pourrait même accélérer la fermeture des centrales.

Quelles mesures les propriétaires et les exploitants de centrales au charbon peuvent-ils prendre dès maintenant pour faciliter la voie vers la fermeture et laisser un héritage bénéfique? Dans le cadre de la présente série d’articles, nous allons examiner certaines considérations clés, comme la gestion des digues de bassin de cendres et des déchets de démolition, la réhabilitation des sites pour assurer la sécurité et la stabilité et la collaboration avec les intervenants et les collectivités pour cerner de nouvelles possibilités et maximiser la rentabilité.

Partie 1 : Gestion des déchets

Si le public est largement sensibilisé aux flux de déchets des centrales au charbon pendant leur exploitation (en particulier les émissions de carbone) et préoccupé par cet enjeu, les conséquences qui découlent de la fermeture des centrales sur la gestion des déchets suscitent moins d’attention. Comment peut‑on gérer les digues de bassin de cendres et les rendre sûres à long terme? Après que les tours de refroidissement et la structure des centrales tombent, qu’advient-il des déchets solides laissés sur place?

Pour les propriétaires et les exploitants de centrales au charbon, la gestion des déchets durant l’exploitation, le déclassement, la démolition et la phase post‑fermeture est complexe et peut être difficile. Il existe néanmoins des façons de parvenir à des solutions durables, à un coût raisonnable pour l’entreprise et à un coût minime pour l’environnement et les collectivités. Grâce à de bonnes pratiques de fermeture, les sites industriels dont les propriétaires sont responsables peuvent même être transformés en biens à usage industriel, résidentiel ou récréatif.

Risques et possibilités liés aux digues de bassin de cendres

Durant l’exploitation d’une centrale, des cendres sont générées en tant que sous‑produit de la combustion du charbon. En Australie, il est estimé que la cendre de charbon compte pour le cinquième des déchets du pays. Les énormes volumes de cendres sont habituellement réduits en boue et placés dans des bassins d’accumulation (digues) ou asséchés et déposés par empilement. Ces installations requièrent un entretien et une surveillance pour vérifier leur intégrité structurelle. Après la fermeture, les bassins d’accumulation de cendres et les empilements secs doivent être recouverts et réhabilités afin de réduire au minimum leur impact environnemental et de répondre aux exigences réglementaires.

Les risques les plus importants liés à la gestion des digues de bassin de cendres sont la possibilité d’une défaillance catastrophique (comme cela s’est produit en 2008 à la centrale à combustible fossile de Kingston, au Tennessee) et à la possibilité de fuite ou d’infiltration de métaux lourds, de sels ou de substances toxiques dans les eaux de surface ou souterraines.

Il se peut que les vieilles digues de bassin de cendres n’aient pas été conçues de façon à comporter des doublures ou des systèmes de collecte et de contrôle des infiltrations. Ces risques pour l’environnement et pour la stabilité doivent être soigneusement pris en compte dans la conception de la fermeture. L’élaboration d’un solide plan de réhabilitation et de surveillance joue un rôle central en ce qui concerne la réglementation et l’acceptabilité sociale. Les risques et les possibilités sont mieux compris si des conseils spécialisés sont demandés sur les conditions de sol et les répercussions pour le site. C’est la clé pour trouver une approche équilibrée qui ne sous‑estime ni ne surestime pas le risque et qui permet d’obtenir un résultat adéquat et sûr, sans coûts supplémentaires.

Pour gérer à long terme les digues de bassin de cendres, il existe d’autres options que la fermeture des digues sur le site. Par exemple, une partie des cendres peut être réutilisée dans la production de ciment, de blocs de construction ou de briques. Cependant, dans bien des cas, la réutilisation n’est pas possible ou réalisable, et le recouvrement de la digue de bassin de cendres sur le site peut être l’option la plus économique et la plus durable.

Il est possible de réaliser d’importantes économies au moyen d’une conception intelligente du système de confinement qui est fondée sur une compréhension détaillée des conditions du sol et une évaluation des utilisations futures envisagées du site. Vu l’âge des centrales au charbon australiennes, il est peu probable que la plupart des digues de bassin de cendres aient été conçues en tenant compte de l’utilisation à long terme du terrain. C’est pourquoi la planification de la fermeture devrait définir dès que possible les utilisations futures possibles du terrain afin d’orienter la conception d’un recouvrement adéquat et le plan de réhabilitation.

La fermeture des digues de bassin de cendres est contrainte par les risques sur le plan de la stabilité physique et chimique. Il est néanmoins important que la digue réhabilitée ne limite pas les utilisations futures possibles du terrain. Dans bien des cas, le résultat le plus probable est l’emprisonnement des cendres et leur stockage en tant que ressource en vue d’une utilisation future ou graduelle, tout en gérant le risque.

Les options de gestion des cendres après la fermeture devraient être déterminées par les contraintes et les possibilités du site, y compris les exigences réglementaires, les besoins de la collectivité, les considérations environnementales et les aspects techniques. Ces options doivent être évaluées de façon stratégique afin de choisir la meilleure option pour tous les intervenants.

Gestion des déchets de démolition et de la contamination

Après la fermeture d’une centrale, les déchets de démolition deviennent un défi de gestion majeur et une dépense très importante. L’amiante et d’autres matières dangereuses sont susceptibles d’être présents sur le site de la centrale et doivent faire l’objet d’une attention particulière et d’une manipulation prudente.

Il existe une solution de rechange au transport par camion de toutes ces matières hors du site pour leur élimination dans des sites d’enfouissement et des installations de gestion des déchets. Il vaut la peine de se demander si les déchets d’amiante ou d’autres matières résiduelles solides peuvent être emprisonnés dans la digue ou sur le site d’enfouissement et être ensuite recouverts de morts‑terrains provenant de l’exploitation minière. Cette approche pourrait permettre d’économiser des millions de dollars en frais d’enfouissement, d’éviter d’occuper de l’espace d’enfouissement utile et rare et d’éviter un grand nombre de déplacements de camions et leurs conséquences au chapitre des émissions, de l’utilisation de carburant, de la pollution sonore et de la sécurité routière.

Comme les déchets d’amiante peuvent varier de matériaux souples aux déchets solides (par exemple les gravats de démolition, les tuyaux et la tôle métallique), il faudra des passerelles ou des couches d’accès dans la conception du système de confinement de façon à ce que d’autres déchets puissent y être placés dans l’avenir. Il est aussi important qu’un accès à la machinerie lourde soit envisagé si les déchets solides doivent être placés dans la digue de bassin de cendres.

L’élimination sur place de l’amiante et des déchets solides pourrait être une solution durable et rentable à un problème de déchets. Il est toutefois essentiel d’obtenir le soutien de l’organisme de réglementation et de la collectivité à l’égard d’une telle approche. Pour bâtir la confiance, il faut faire preuve d’une transparence totale et créer une conception bien justifiée.

Il n’est jamais trop tôt pour planifier la fermeture

En Australie, il est encore tôt pour envisager la fermeture progressive de centrales au charbon un peu partout dans le pays. À l’heure actuelle, il existe peu de précédents locaux, un niveau élevé de risque lié à la gouvernance et la possibilité que les organismes de réglementation imposent des conditions contraignantes. Nous apprenons tous ensemble, mais le temps est venu de planifier la fermeture de centrales au charbon et la gestion des matières résiduelles.

Que la fermeture s’annonce immédiate ou soit encore lointaine, les propriétaires et les exploitants de centrales au charbon devraient élaborer rapidement des plans de réhabilitation et de fermeture exemplaires, en se fondant sur une gamme de connaissances spécialisées fiables et en consultation avec les collectivités touchées. C’est la voie à suivre pour gagner la confiance des organismes de réglementation et des intervenants et laisser un héritage sûr et stable.

Le présent article est le premier d’une série de « perspectives » pour vous aider à emprunter la bonne voie vers la fermeture de centrales au charbon. Dans des articles ultérieurs de la série, nous allons examiner d’autres aspects et vous offrir une vue d’ensemble de la façon de réussir les projets de réhabilitation et de réaménagement. Suivez-nous sur LinkedIn ou abonnez‑vous à nos courriels pour être informé(e) des articles à venir dans cette série et d’autre contenu utile.

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