
Matt Wallace Member Name
Associé principal, leader régional de SSE
Chaque mot a un sens qui lui est propre. Par conséquent, employer un terme plutôt qu’un autre peut considérablement modifier le message que l’on cherche à transmettre. De prime abord, la plupart d’entre nous ne perçoivent peut-être pas la différence entre les concepts de distanciation sociale et de distanciation physique (c’est-à-dire le maintien d’une distance d’au moins 2 m, ou 6 pieds, entre les personnes); pourtant, d’un point de vue psychologique, cette différence est significative.
La nuance entre les deux est devenue encore plus évidente récemment quand l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a abandonné le terme « distanciation sociale » au profit de « distanciation physique » pour parler de la mesure de prévention essentielle contre la propagation de la COVID-19. Ce changement pousse à la réflexion. En bref, nous devons rester physiquement à distance des autres, surtout s’ils toussent ou qu’ils éternuent, tout en continuant d’entretenir des liens sociaux avec nos collègues et nos clients.
Les contacts sociaux sont cruciaux parce que les êtres humains, qu’ils soient extravertis ou introvertis, sont intrinsèquement des créatures sociables. Même si les spécialistes ne s’entendent pas tout à fait sur l’origine de notre besoin de liens sociaux, il semblerait que notre désir de faire partie d’un groupe ait germé de notre instinct de survie. En faisant partie d’un groupe, nous augmentions en effet nos chances de réussir à chasser nos proies, à trouver de la nourriture et à éviter les dangers.
Ce sont peut-être nos besoins physiques primaires qui ont d’abord motivé notre tendance à rechercher et à entretenir des liens sociaux, mais même dans le monde d’aujourd’hui, ces liens continuent de jouer un rôle important pour notre santé psychologique et émotionnelle. Nos liens sociaux contribuent grandement à renforcer notre résilience, un trait de caractère dont nous avons grandement besoin dans un climat d’incertitude comme celui auquel nous faisons face actuellement.
En raison des restrictions et des états d’urgence, plusieurs d’entre nous ont dû se tourner vers le télétravail, et les conseils abondent sur les façons de rester en contact dans ce contexte. Ces conseils privilégient généralement la technologie comme véhicule de choix pour entretenir nos liens avec les autres. Chez Golder, la majorité de nos employés utilisent la vidéoconférence pour collaborer et communiquer avec des clients et collègues éloignés, mais aussi pour continuer d’interagir avec les gens de leur bureau, à défaut de pouvoir le faire en personne.
Mais rappelons que l’utilisation efficace d’un véhicule nécessite un conducteur (ou, à tout le moins, un algorithme complexe). Nous sommes les conducteurs de cette technologie. J’aimerais donc vous transmettre certains « trucs de conduite » que je trouve utiles.
- Certaines personnes peuvent éprouver un sentiment de solitude même si elles ne sont pas seules à proprement parler. Dans nos interactions sociales, nous avons tous besoin de variété, mais aussi de profondeur. Bien sûr, c’est formidable d’organiser de grandes discussions en groupe sur des plateformes de conférence, mais il est tout aussi important d’entretenir les liens profonds qui existent entre vous et les collègues qui font partie de votre cercle d’amis proches : votre mentor, les gens avec qui vous aviez l’habitude de dîner ou de prendre un café, ou encore ceux à qui vous êtes à l’aise de vous confier.
- Plutôt que d’envoyer un courriel ou un message instantané à un collègue, décrochez le téléphone ou enfilez votre casque d’écoute. Bien sûr, les messages écrits peuvent être fort utiles, particulièrement pour communiquer en groupe. Mais pour les interactions entre deux personnes, rien ne vaut le langage non verbal ou les subtilités que l’on détecte dans le ton d’une voix. Un travailleur occupé risque de simplement survoler les courriels qu’il reçoit, et les êtres humains ont tendance à mal interpréter les légères ambiguïtés de la langue écrite. Vous avez certainement déjà vécu une situation où un courriel a été mal compris, même s’il comprenait un emoji adéquat. À l’oral, l’intonation et les indices verbaux ajoutent du contexte au message, et on obtient encore plus de renseignements si on ajoute à cela les expressions faciales. Et n’oublions pas qu’il résulte également une véritable conversation et une rétroaction immédiate d’un échange verbal, ce qui représente un avantage non négligeable. La communication verbale accroît également l’empathie et instaure un lien de confiance plus fort. De plus, la recherche en psychologie a démontré que les contacts directs (en « face à face ») activent des zones de notre système nerveux qui libèrent des neurotransmetteurs nous permettant de contrôler notre anxiété et nos réactions au stress.
- Prenez du temps pour vous et pour les autres. Vous avez peut-être besoin d’une pause loin de la technologie. Lorsqu’on travaille à domicile, les frontières entre le travail et la vie personnelle peuvent facilement s’estomper. Dans le contexte actuel, il est important d’en prendre conscience et d’établir proactivement une démarcation claire entre les deux. On peut par exemple éviter de dormir avec le téléphone sur la table de nuit, ou s’assurer de faire une pause pour dîner plutôt que de manger devant son ordinateur. Par ailleurs, il ne faut pas hésiter (surtout pas en ce moment) à chercher de l’aide auprès des autres quand on en a besoin. Demandez-leur « COMMENT ÇA VA?». Et si vous vivez seul, il est tout aussi important de vous poser la question : « EST-CE QUE JE VAIS BIEN? ». S’il n’y a personne avec vous et que vous n’allez pas bien, donnez-vous le même conseil que vous donneriez à quelqu’un d’autre. Ayez de l’indulgence envers vous-même : ne vous dites pas quelque chose que vous ne diriez pas à un ami.
De l’avis de plusieurs experts, lorsque la crise de la COVID-19 prendra fin, il est loin d’être certain que nous retournerons à notre ancienne manière de travailler. Certes, les gouvernements lèveront leurs restrictions et les marchés mondiaux rouvriront, mais il est probable que nous continuerons à mettre en pratique les leçons que nous aurons tirées de cette expérience. Le télétravail deviendra-t-il la norme plutôt que l’exception? Les voyages en avion nous tenteront-ils moins qu’avant? Verrons-nous une augmentation de la collaboration et du partage avec nos clients, et même avec nos concurrents?
Il pourrait y avoir un côté positif à la pandémie : une volonté et une capacité accrues à accueillir la technologie et à l’utiliser pour favoriser les contacts et la collaboration. Une utilisation de la technologie efficace et axée sur les personnes peut engendrer des avantages psychologiques et organisationnels observables, à condition que nous nous employions tous à augmenter et à améliorer nos collaborations. Lors de conversations avec mes collègues de Golder, j’ai avancé ce qui suit : si nous mettons cette période à profit et que nous accueillons encore plus activement les options technologiques qui s’offrent à nous pour établir des liens virtuellement, sans nous limiter aux communications locales, nous pourrons joindre les esprits les plus brillants du monde, où qu’ils se trouvent. Nous pourrons ainsi continuer à résoudre les problèmes auxquels font face nos clients et leur offrir sans difficulté nos services aux quatre coins du monde.