
À mesure que les villes du monde entier deviennent plus densément peuplées, poussent rapidement des forêts de tours résidentielles étincelantes. Mais avant que ces tours ne soient érigées, les constructeurs doivent d’abord creuser pour créer des sous-sols à des fins d’entreposage et de stationnement.
Une tour à condos typique commence par une excavation de 30 m sur 30 m d’une profondeur de 12 m. Cela représente environ 10 000 m3 de terre d’excavation, soit environ 20 000 t. Multipliez cela par cinq constructions de condos par an dans des villes de petite taille et les tonnes s’additionnent rapidement, générant environ 100 000 t de terre d’excavation par an, pour une seule ville.
Le public et les organismes de réglementation s’inquiètent de plus en plus de l’utilisation de la terre d’excavation, et les législateurs de l’Ontario et du reste du monde commencent à mettre en place des mesures. Nous voyons ce phénomène dans des endroits aussi divers que l’État de Victoria en Australie (the Environmental Protection Amendment Act 2018) et la province de l’Ontario au Canada (Règlement de l’Ontario 406/19), où de nouvelles lois visent une meilleure utilisation de la terre d’excavation des chantiers de construction.
Voici quelques-unes des tendances que nous observons :
Éviter d’envoyer la terre d’excavation au site d’enfouissement
En partie à cause de l’incertitude entourant l’élimination de la terre d’excavation, de nombreux promoteurs doivent payer des redevances de déversement pour s’en débarrasser. Cependant, beaucoup de sites d’enfouissement sont presque pleins, et il peut être très difficile d’obtenir un permis pour agrandir un site d’enfouissement ou en ouvrir un nouveau. Par conséquent, les exploitants de ces sites sont de plus en plus réticents à utiliser la faible capacité autorisée de leurs sites pour de la terre d’excavation.
En outre, il est de plus en plus évident que le sol est une denrée précieuse et limitée, qui nécessite de nombreuses années de création de la part de dame nature, et qu’il doit donc être conservé. Par conséquent, l’élimination de la terre d’excavation dans un site d’enfouissement est de plus en plus considérée comme un dernier recours. Le sol n’est pas un déchet à éliminer, mais plutôt une ressource à entretenir et à utiliser judicieusement.
Faire concorder deux besoins : trouver des utilisations bénéfiques pour la terre d’excavation
Si les sites d’enfouissement n’acceptent plus la terre d’excavation, les constructeurs doivent trouver d’autres moyens de s’en débarrasser. La solution réside dans le fait que ce l’on considère comme un déchet peut se révéler être une ressource. Ce qui est de la terre d’excavation à un endroit peut être de la terre de remplissage nécessaire à un autre, pour niveler un site par exemple. La clé réside dans le jumelage et la liaison entre les deux parties afin qu’elles puissent répondre aux besoins l’une de l’autre.
Golder a récemment contribué à établir un lien entre deux projets à Ottawa, au Canada. L’un des projets consistait à creuser un tunnel sous le centre-ville d’Ottawa afin de construire une ligne de train léger sur rail pour la société de transport en commun, OC Transpo. Ce projet avait généré une grande quantité de déblais à éliminer. L’autre projet était un secteur résidentiel en construction à Ottawa appelé Greystone Village, dont les responsables devaient remblayer une excavation de réhabilitation et aménager des remblais techniques pour soutenir les fondations d’immeubles résidentiels de faible hauteur.
L’un des entrepreneurs ayant soumissionné pour le projet résidentiel avait relevé la nécessité d’éliminer les déblais dans le cadre du projet de creusement du tunnel. À sa demande, Golder a analysé les déblais et déterminé qu’ils convenaient à l’utilisation sur le site du projet résidentiel. Le fait de pouvoir relier ces deux besoins (de terre d’excavation et de terre de remplissage) au profit des deux parties deviendra une compétence de plus en plus précieuse dans les années à venir.
Trouver un usage pour la terre d’excavation au début des étapes de planification
Jusqu’à récemment, dans de nombreux endroits, la question de la terre d’excavation n’était pas une priorité pour les promoteurs. Ils étaient beaucoup plus préoccupés par les problèmes structurels de l’immeuble lui-même. Mais la loi de l’État de Victoria est un exemple du fait d’accorder une plus grande priorité à la recherche de débouchés responsables pour la terre d’excavation. La nouvelle loi de l’Ontario a une visée semblable, en ce sens qu’elle précise clairement qu’à moins qu’un plan soit élaboré et approuvé pour la réutilisation ou l’élimination du sol, il sera difficile de pouvoir démarrer les travaux d’excavation.
Dépôts de sol et traitement des sols : l’entreposage provisoire facilite la planification
La nécessité de trouver un bon point de chute pour le sol excavé, c’est-à-dire une utilisation appropriée pour le type de sol et conforme à la réglementation, peut entraîner des retards dans le projet. L’Ontario a pris des mesures pour offrir un répit aux constructeurs en permettant l’entreposage temporaire des sols excavés. Cela prend la forme de « dépôts de sol » ainsi que d’installations de traitement des sols, qui sont de nouveaux aspects des directives de la province.
Pour illustrer comment cela peut fonctionner, imaginez un promoteur qui a un projet devant commencer en 2023 qui produira de la terre d’excavation et un autre prévu pour 2025 dans le cadre duquel il aura besoin de terre pour niveler un stationnement. Il serait raisonnable de mettre la terre d’excavation dans un dépôt de sol et de la conserver pendant les deux années qui s’écouleront entre les projets.
Gérer les données pour que tout fonctionne bien
Il y aura probablement un besoin croissant de compétences et d’outils permettant de démontrer que la terre d’excavation est gérée de façon appropriée. En Ontario, par exemple, si un camion quitte un chantier de construction avec un chargement de terre d’excavation, il doit avoir une destination précise et le destinataire doit avoir accepté, par écrit, la qualité et le type de sol que contient ce camion. On inspectera les camions pour s’assurer que l’esprit et la lettre du règlement sont respectés.
Cela créera une demande pour des outils de gestion des données permettant de suivre les chargements qui quittent un site et les détails de chaque chargement, comme sa destination, la preuve d’acceptation par le site de réception et la date de livraison du chargement. Il est essentiel d’élaborer un plan de gestion des sols et un système de suivi pour réduire les coûts et les risques tout en améliorant les conditions environnementales.
Il est difficile, mais important de comprendre l’enjeu de la terre d’excavation et son incidence sur la faisabilité de votre projet. Afin d’obtenir de meilleurs résultats, il est essentiel de protéger l’environnement naturel et la population humaine de tout danger pouvant provenir du sol, tout en détournant la terre d’excavation des sites d’enfouissement et en la considérant comme une ressource précieuse et viable.
Paul Hurst compte 15 ans d’expérience en étude et en réhabilitation de sites contaminés. Il est responsable de la gestion, de la conception et de l’exécution des projets d’évaluation environnementale et de réhabilitation de sites, comprenant l’élaboration de modèles conceptuels de site 2D et 3D, la caractérisation de site à haute résolution à l’aide de sondes à interface membranaire et de la fluorescence induite par laser, ainsi que l’évaluation, la planification et la mise en œuvre d’options de réhabilitation. Il œuvre aussi dans la conception de systèmes de pompage et de traitement des eaux souterraines, la conception et la mise en œuvre de projets pilotes de réhabilitation des eaux souterraines et la réhabilitation in situ par injection de fer à valence zéro et extraction multiphase. Paul est un expert de Golder en matière d’intrusion de vapeurs et un chef de file de la conception de systèmes de dépressurisation sous dalle active et passive. Il est une personne qualifiée en vertu du Règlement 153/04 de l’Ontario et a obtenu de multiples dossiers de l’état du site fondés sur les évaluations de phases I et II ainsi que des risques.
Denise Lacchin possède plus de 28 ans d’expérience dans l’élaboration de stratégies et de solutions de réaménagement de sites contaminés en Ontario. Elle a travaillé avec succès avec des clients à l’évaluation des répercussions environnementales sur de nombreux sites contaminés par des hydrocarbures pétroliers, des matières inorganiques et des métaux, des solvants chlorés et des déchets radioactifs de faible activité, ainsi qu’à l’élaboration de stratégies de réhabilitation complémentaires par rapport aux objectifs de réaménagement des clients. Son expérience à titre de personne qualifiée en évaluation environnementale de site en Ontario et de professionnelle de l’environnement spécialisée dans l’évaluation et la remise en état des sites comprend l’élaboration de plans de gestion des sols, la mise en œuvre de pratiques exemplaires et de systèmes de suivi pour la gestion des sols et la mise en place d’approches fondées sur les risques pour de grands sites contaminés et de grandes infrastructures conformément au Règlement 153/04 de l’Ontario et maintenant au nouveau Règlement 406/19 sur la gestion des sols sur les lieux et des sols de déblai.