La baie de la Pauvreté/Tūranganui-ā-Kiwa, dans le district de Gisborne (Nouvelle-Zélande), possède une industrie horticole dont la prospérité dépend grandement de l’eau puisée dans les aquifères et en surface pour l’irrigation. En 2014, les préoccupations concernant la surexploitation des aquifères et le déclin à long terme des niveaux d’eau ont poussé le conseil du district de Gisborne à chercher à savoir si le déclin des niveaux d’eau souterraine pouvait être renversé au moyen de la gestion de l’alimentation des aquifères.
Plus récemment, Golder a relevé des changements touchant la qualité des eaux souterraines et une tendance à l’accroissement de la salinité dans divers puits d’approvisionnement en eau autour de la baie de la Pauvreté qui témoignaient de la nécessité de mieux gérer les ressources locales en eaux souterraines douces. En mai 2017, le conseil du district de Gisborne a demandé un premier essai d’injection dans le cadre du projet de gestion de l’alimentation des aquifères, afin d’étudier la faisabilité de la gestion de l’alimentation comme solution de gestion de l’eau avantageuse pour l’ensemble de la collectivité et pour l’environnement. Le projet a été rendu possible grâce au financement de l’unité de développement de la province.
Golder participe aux études hydrogéologiques préliminaires depuis 2014, à titre de responsable technique, ainsi qu’aux essais d’injection sur la période 2017-2020. Golder a grandement contribué à améliorer la compréhension du système aquifère et de sa dynamique et a présenté des exposés sur le sujet à l’occasion de plusieurs réunions de mobilisation des intervenants.
Au cours du premier essai d’injection, mené durant l’hiver 2017, un total de 73 180 m3 d’eau provenant du fleuve Waipaoa a été injectée, après filtration dans l’aquifère Makauri, à l’aide d’un seul puits d’injection, sur une période de trois mois. Nous n’avons pu surveiller adéquatement certains processus hydrogéochimiques au cours de ce premier essai en raison du nombre limité de puits de surveillance, et nous avions encore des préoccupations concernant les effets possibles sur la qualité de l’eau et l’obstruction des puits. Pour les dissiper, nous avons réalisé un deuxième essai d’août à octobre 2019 et injecté 39 881 m3 d’eau en effectuant une surveillance constante à l’aide quatre nouveaux puits de surveillance à l’intérieur et à l’extérieur du panache d’injection. Nous avons mené un troisième essai de mai à octobre 2020 et injecté 104 557 m3 d’eau.
Chaque essai a donné lieu à une augmentation nette du niveau d’eau dans les aquifères, ce qui donne à penser que la tendance à la baisse à long terme pourrait être renversée si la gestion de l’alimentation était déployée pleinement et de façon permanente. La surveillance constante ne montre aucun signe d’effets négatifs sur la qualité des eaux souterraines. L’injection d’eau du fleuve améliore la qualité de l’eau de l’aquifère Makauri en la rendant plus douce et moins corrosive que l’eau souterraine ambiante.
Depuis 2017, Golder collabore avec le KWR Water Research Institute des Pays-Bas afin d’élaborer un programme de surveillance, d’examiner l’infrastructure et les procédures de gestion de l’alimentation des aquifères, d’évaluer l’occurrence des effets négatifs sur la qualité de l’eau au moyen de la surveillance et de poursuivre l’étude de l’obstruction des puits. Nous avons également fait le suivi de la performance des puits, continué d’analyser les résultats des essais de pompage et fourni des conseils sur l’exploitation et l’entretien des puits. Golder a joué un rôle crucial dans l’optimisation de la conception du système d’injection et de la semi-automatisation, qui ont contribué à l’amélioration de la performance des puits d’injection.
De plus, le fonds d’innovation de Golder a fourni un soutien non financier au projet en permettant l’élaboration d’un modèle géologique et d’un modèle numérique des eaux souterraines complets pour l’ensemble du bassin versant, que nous avons utilisé pour évaluer la migration des panaches d’injection, les effets à long terme sur le niveau des eaux souterraines et la qualité de différents scénarios de gestion de l’alimentation des aquifères pleinement déployée.
Grâce à l’amélioration du rendement de l’aquifère et de la qualité des eaux souterraines, le projet de gestion de l’alimentation des aquifères de Gisborne profitera à la collectivité et au bassin versant en améliorant la sécurité relative à l’eau pour de nombreuses parties prenantes. Il serait possible d’explorer l’évaluation d’autres avantages environnementaux potentiels, comme l’amélioration du débit de base et de la qualité de l’eau dans les cours d’eau et les terres humides. Le projet pourrait même permettre l’expansion de la superficie totale des terres productives pouvant être irriguées de façon durable.
La gestion de l’alimentation des aquifères est un concept assez nouveau en Nouvelle-Zélande. Seulement quelques projets sont en cours d’élaboration dans ce pays. Cependant, à l’échelle internationale, c’est une technologie qui fonctionne très bien et fournit de grandes quantités d’eau potable aux communautés et aux industries, surtout en Europe et aux États-Unis. L’abondance d’eau de surface et les bons aquifères qui existent en Nouvelle-Zélande offrent de nombreuses possibilités d’utiliser la gestion de l’alimentation pour assurer une gestion durable des ressources en eau.
